Le
voyage de Kookaï Un soir,
en
revenant du CSI de Genève, ,je trouve un fax qui me demande
un devis de transport pour un cheval à destination de
la Yougoslavie. Ce n’est pas une destination habituelle
pour moi, mais je téléphone à M. Favre pour lui transmettre
le coût du transport. Il s’occupera des papiers vétérinaires
et je prend contact avec des transitaires en douane.
Une
fois tout réglé, on fixe la date de départ au 13 Janvier.
Lundi 13
Janvier: J’arrive à 8 heures chez Hervé FAVRE au manège
de Villeneuve en Suisse pour prendre en charge, avec
un van 4 places, Kookaï, un gentil cheval bai foncé;
destination:Belgrade! Les papiers sont prêts, ,j’ai le
numéro de téléphone de Vladimir qui sera l’interprète
entre le propriétaire de Kookaï et moi.
Ayant organisé
l’itinéraire le plus direct par l’Italie, la Slovénie,
la
Croatie et enfin la Yougoslavie, Kookaï et moi prenons
la route vers 8h30, direction
le port franc de Martigny ou il faut faire les formalités
de douane, soit un T1 à destination de Triestre. Jusque
là tout va bien, les papiers sont prêts vers 10h30 et
je me dirige vers le tunnel du St.Bernard pour entrer
en Italie; la route d’accès au tunnel est plutôt mauvaise
(des camions ont glissé sur le verglas et se sont
“embrassés” dans un virage!
La route
se poursuit sans problèmes et nous arrivons à Triestre
le soir (780km pour cette journée).
Avec l’aide
de Chantal BLANC, le cheval est logé dans un Centre Equestre
et moi à l’Hotel.
Le mardi
matin, en route pour le parking de douane de Fernetti.
Le
cheval doit être dédouané en Italie puis remis en douane
en Slovénie. Je sors de la zone Italienne vers 10h après
de multiples changements de parkings! Entrée dans la
zone slovène; il ne faut pas oublier son passeport!
On
me l’a demandé au moins 5 fois! Prévoyant de longues
formalités, ,j’ouvre les séparations du van afin que Kookaî
puisse se détendre un peu.
Ensuite
je cherche désespérément un transitaire qui veuille
bien faire la mise en douane! Au 6ème bureau, enfin on
veut bien faire les papier; alors commence une longue
attente!
Vers 14
h, on m’annonce qu’il ya un problème!Lequel?Il y a un
problème...c’est tout ce que j’arrive à savoir!Je retourne
sur le parking pour nourrir et abreuver le cheval qui
est inquiet ,perdu parmi des centaines de poids lourds.
Je
me rend aux bureaux ,j’attends jusqu’à....16 h pour m’entendre
dire que je ne peux pas passer par la Croatie! J’apelle
Vladimir qui me dit ,après de nombreux coup de fils,que
la seule solution est de faire demi-tour et de passer
par l’Autriche et la Hongrie!! Je veux bien, mais il faut
être sûr de ne pas être refoulé aux autres frontières.
Mardi 17h,
retour
à la douane de Prosecco en Italie (spéciale pour le transit
des animaux) sous escorte policière; il ont gardé mon
passeport!
Kookaî
est installé dans une grande stabulation avec beaucoup
de paille (j’ai insisté!) et sous bonne garde des douaniers.
Il
a pour compagnie de centaines de petits veaux qui arrivent
de Pologne. Je demande quand je pourrai repartir, on me
répond:peut-être demain,ou après demain....problème...Il
faut refaire un transit T1 vers la Hongrie,demain....
Je retourne
au même hôtel que la veille, un peu angoissée quant-à
l’issue de cette histoire.
Mercredi
15 Janvier: je retourne à la douane, m’occupe du cheval
et vais voir où en sont les papiers. 8 heures: personne!
Ils
arrivent à 8h30, et décident qu’il faut faire une visite
vétérinaire alors que ce n’est pas nécéssaire.
J’arrive
à les convaincre, il me faut juste un document T1. Je
vois défiler les camions de veaux, ils ont leurs papiers
pour partir vers 11h, pas moi.
Kookaî
est un peu stressé, il mange mais ne s’abreuve pas correctement.
Je tourne
en rond dans le bureau du transitaire jusqu’à......13h!
Il faut
avoir beaucoup de patience et les nerfs solides.
Enfin,on
m’autorise à partir après avoir payé les frais de douane
et une caution de 500 Euros. Un douanier m’escorte pour
vérifier le chargement de Kookaï (qui monte très volontier
dans le van) et ouvre les barrières. Je récupère mon
passeport et en route vers l’Autriche en passant par
Udine, Villach. Le paysage est magnifique avec la neige.
La
frontière Italie-Autriche passe inaperçue; vive l’Europe!
Après avoir
passé Vienne,j’arrive à la frontière Hongroise à 20h.Il
y a plus de 5 km de queue au passage des camions, alors
je me faufile parmi les voitures. J’en suis quitte pour
aller à pieds faire tamponner les papiers chez le vétérinaire
officiel. Il se trouve sur le parking P.L.à 1km de la
douane! Il fait très froid, ,j’ai du mal à marcher tellement
la route est verglacée.
Je suis
accueillie par des militaires armés qui me demandent
mon passeport d’une manière un peu brutale. Après avoir
encore payé une taxe, les papiers tamponnés en main,je
retourne finir les formalités en douane. Kookaï attends
patiemment, il est vraiment brave: c’est son troisième
jour dans le van!
Un petit
coup de fil à Vladimir pour l’informer de la progression
et à Chantal pour me remonter le moral qui n’est pas
au plus haut et nous repartons: direction Budapest.
Je suis
marquée par cette odeur de poussière de charbon qui
vous prend à la gorge en entrant dans les pays de l’Est.
La route
est verglacée, le brouillard très épais; à 50km de Budapest,
les
conditions de circulation étant trop dangereuse, je choisi
de m’arrêter, avec l'approbation de Vladimir, dans un
motel d’autoroute. N’ayant pas trouvé d’écurie susceptible
de loger Kookaï,j’aménage un box dans le van (heureusement
que c’est un maxi 4 places!). Le cheval a suffisemment
de place pour se tourner et même se coucher; je lui donne
son aliment et du foin, puis vais chercher de l’eau au
motel; il trempe son nez dans le seau, mais elle n’est
pas très bonne à son goût. Quant à moi,je vais enfin
prendre un peu de repos après un repas substantiel.
Jeudi 16,
8h, Kookaï
a bien mangé, il est prêt à reprendre la route,moi aussi!
J’apelle
Vladimir afin de lui donner l’heure d’arrivée à Tompa,
dernière
frontière avant la Yougoslavie, et où les propriétaires
du cheval vont me rejoindre. Je repars sur une route
pas très bien déneigée, avec un brouillard à couper au
couteau; pas question de doubler,je suis patiemment une
vieille “Trabant” qui se traîne à 35km/h.
A midi,j’arrive
à la frontière. Je suis accueillie par deux militaires
avec leur kalachnikov braquée sur moi! Ils me dirigent
vers le parking de douane: passeport, cartes grises...on
s’habitue!
J’attends
que le vétérinaire de frontière veuille bien en finir
avec sa pause, il vérifie les certificats sanitaires,
met
encore des coups de tampons et fais dédouanner le cheval
; à 13h je rentre sur le parking Yougoslave.
Téléphone
de Vladimir, ils sont à 1/4 d’heure de la frontière.
Enfin,
ils
arrivent; c’est un vrai comité d’ accueil! Vladimir est
accompagné de Mme et M.R. les propriétaires du cheval
ainsi que leur écuyer.
M.R.prend
en charge toutes les formalités afin que Kookaï soit
définitivement importé en Yougoslavie. On me reprend
mon passeport, mes cartes grises et cartes d’assurance...
Nous attendons
pour la visite véto yougoslave; le vétérinaire arrive
vers 17h, un attroupement se forme autour du cheval;
c’est
une curiosité au milieu de tous les camions!
Enfin on
me rend mes papiers et nous pouvons partir. Il reste
encore deux bonnes heures de route pour arriver à Belgrade.
Nous
nous arrêtons à un restaurant où je suis conviée à déguster
une succulente soupe de poissons et un goulasch hongrois
de première qualité. J’apprécie beaucoup car jusqu’à
présent,je n’avais pas vraiment envie de manger.
Dernière
étape pour Kookaï; les conditions de circulation ne sont
pas très bonne, mais nous arrivons enfin à l’hippodrome
de Belgrade où se situent les écuries. Je sors Kookaï
du van, il regarde autour de lui, étudiant ce nouveau
paysage; on pourrai croire qu’il se demande où sont passées
les Alpes!
Je suis
soulagée, le cheval est arrivé en bonne santée et tout
le monde est content, nous appelons Hervé FAVRE afin
de le rassurer.
Avant de
repartir le lendemain, je vais voir Kookaï; il faut bien
avouer que des liens se sont créés entre le cheval et
moi pendant ce périple de 2000 km semé d’embûches! J’ai
l’impression qu’il me dit au-revoir, lorsqu’il s’avance
vers moi, il me touche le visage du bout de son nez!
Je reprend
la route, cette fois au plus court en passant par la
Croatie. On sent encore l’empreinte de la guerre (villages
détruits,reconstructions un peu partout). C’est triste.
Il
ne me faut que deux jours pour rentrer, les frontières
se passent plus simplement,juste des contrôles de passeport
et vérification que le van est vide. Je suis contente
de retrouver ma petite famille.
Il m’aura
fallu 6 jours et 3500 km pour effectuer ce transport
alors que j’avais compté 3000 km et 4, au pire 5 jours!
Je
n’avais pas prévu toutes ces difficultés dues au “mauvais
vouloir” des transitaires italiens et slovènes!
Un grand
merci à Chantal BLANC qui m’a été d’un grand soutien.
Anne PUGNET
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